The Doors of Perception
Commissaire d’exposition : Javier Téllez
Un projet présenté à Frieze NY, en collaboration avec l’Outsider Art Fair
Du 2 au 5 mai 2019, Randall’s Island Park, New York
NEW YORK – L’Outsider Art Fair est heureuse de vous annoncer la tenue de l’exposition The Doors of Perception, un projet unique réalisé en collaboration avec Frieze NY, sous le commissariat de l’artiste Javier Téllez. Cette présentation réunira plus de quarante artistes visionnaires du monde entier, avec entre autres des œuvres de Noviadi Angkasapura (né en 1979, Indonésie), Frédéric Bruly Bouabré (1923 – 2014, Côte d’Ivoire), Henry Darger (1892 – 1973, USA), Janko Domsic (1915 – 1983, Croatie/France), Minnie Evans (1892 – 1987, USA), Guo Fengyi (1942 – 2010, Chine), Martín Ramírez (1895 – 1963, Mexique/USA), Judith Scott (1943 – 2005, USA), Melvin Way (né en 1954, USA), George Widener (né en 1962, USA), Adolf Wölfli (1864 – 1930, Suisse) et Anna Zemánkova (1908 – 1986, République tchèque). Les œuvres proviendront de galeries qui participent à l’Outsider Art Fair, notamment celles de Henry Boxer, Cavin-Morris, Creative Growth Art Center, Andrew Edlin, Carl Hammer, Galerie Pol Lemétais, Polysémie, Ricco/Maresca et SHRINE, ainsi que de collections privées.
The Doors of Perception met en valeur la nature visionnaire de l’art généralement associé à l’art brut et à l’art autodidacte. L’exposition présente une large constellation d’œuvres réalisées par des artistes exceptionnels issus des cinq continents, nous offrant un panorama artistique créé dans les marges de la société. Qu’il s’agisse de patients d’institutions psychiatriques, de visionnaires autodidactes, ou de médiums, chacun de ces artistes a ressenti à un moment donné le besoin de créer son propre langage artistique afin de révéler ce qui lui apparaissait comme la véritable nature des choses. Souvent marginalisés en raison de leur condition mentale ou de leur statut social, sans accès à aucune formation artistique, les artistes exposés ont dédié leur vie, de manière obsessionnelle, à la création de représentations visuelles complexes – souvent après avoir fait l’expérience d’une révélation bouleversante. Leur impulsion créatrice a parfois été motivée par une rencontre avec un pouvoir surnaturel – qu’il s’agisse du divin, de l’esprit des morts ou de créatures extraterrestres. Ces évènements marquants ont produit des mouvements centrifuges menant les artistes du chaos vers l’ordre, leur ouvrant les « portes de la perception » d’une réalité transcendante qui, dans de nombreux cas, les a aidés à survivre à une vie marquée par l’instabilité.
Les artistes présentés dans cette exposition sont, pour reprendre les mots de Sol Lewitt à propos des artistes conceptuels, « plutôt mystiques que rationalistes. Ils arrivent à des conclusions que la logique ne peut pas atteindre ». La variété de leur langage artistique ne remet pas seulement en question nos croyances vis-à-vis de la folie et de la normalité, elle subvertit également la notion de réalité telle que nous la concevons. Le thème de la transformation est récurrent dans leurs œuvres : le corps est perçu comme une entité multiple (Domsic, Fengyi, Charles Steffen, Carlo Zinelli), l’humain et l’animal se confondent (Angkasapura, Friedrich Schröder-Sonnenstern, Shinichi Sawada, Sava Sekulić), des architectures fantastiques semblent émerger d’un monde naturel (Eugene Von Bruenchenhein, William Hall, Marcel Storr) et des mondes imaginaires peuplés d’animaux, de plantes et de minéraux extraterrestres se déploient au cœur de paysages oniriques (Darger, Joseph Yoakum, Zemánková). Les notions d’intérieur et d’extérieur étant perméables, l’interne et l’externe deviennent des entités fluides, avec pour résultats des portraits où les organes internes et les os sont visibles (Angkasapura, Fengyi, Luboš Plný). Tout est représenté dans un état de « devenir », alors que la frontière entre l’individu et l’espace s’effondre et une nouvelle compréhension de la réalité émerge, nous offrant un mode de perception caractéristique des visions mystiques, des états hallucinatoires et du délire psychotique.
L’artiste visionnaire perçoit l’espace de manière mimétique, similaire à la façon dont les personnes schizophrènes font l’expérience de la dépersonnalisation à travers l’assimilation à l’espace. L’écrivain Roger Caillois a décrit ce phénomène avec précision : « L’espace semble à ces esprits dépossédés une volonté dévoratrice. L’espace les poursuit, les cerne, les digère […]. À la fin il les remplace. Le corps alors se désolidarise d’avec la pensée, l’individu franchit la frontière de sa peau et habite de l’autre côté de ses sens. »
Véritablement utopiques, ces artistes visionnaires représentent un monde renouvelé et envisagent souvent le futur comme une dimension parallèle au présent (Hall, Prophet Royal Robertson, Widener, Wölfli). Pour eux, le temps offre des possibilités infinies, ayant inventé les codes qui leur permettent d’accéder à un niveau de conscience situé au-delà de l’univers des apparences (John Devlin, Ionel Talpazan, Way, Widener). Comme l’écrivait William Blake : « Si les portes de la perception étaient purifiées, toutes les choses apparaitraient à l’homme telles qu’elles sont : infinies. »
– Javier Téllez
À propos de Javier Téllez:
Depuis vingt ans, Javier Téllez (né en 1969 à Valencia, au Venezuela) réalise des films en collaboration avec des personnes atteintes de maladies mentales, visant à interroger les notions de normalité et de pathologie. Ses parents étant psychiatres, il a grandi au contact des patients, lesquels devinrent naturellement le sujet principal de son œuvre.
Au cours de sa carrière, Téllez s’est intéressé à l’art brut et autodidacte, qu’il a étudié pendant de nombreuses années. Il a précédemment organisé une exposition à la collection Prinzhorn (Heidelberg), qui réunissait les œuvres d’artistes atteints de maladies mentales ayant fait parties de la célèbre exposition Entartete Kunst (Munich, 1937). Son travail personnel fait état d’un effort continu pour replacer les communautés marginalisées et invisibles au premier plan de l’art contemporain, et d’une réflexion sur la manière dont le fonctionnement des institutions, le handicap et la maladie mentale constituent des situations marginalisantes.
Les œuvres de Téllez ont fait l’objet de nombreuses expositions personnelles dans divers lieux d’expositions parmi lesquels le Memorial Art Gallery de l’université de Rochester (2018), le San Francisco Art Institute (2014), Kunsthaus Zürich (2014), Stedelijk Museum voor Actuele Kunst (Ghent, 2013), le Museum of Contemporary Art de Cleveland (2011) et le Bronx Museum of the Arts de New York (2005). Son travail a été exposé à l’occasion de la Documenta (Kassel, Allemagne, 2012), de Manifesta7 (Trentin-Tyrol du Sud, Italie, 2008), de la Biennale de Sydney (2008), de la Biennale du Whitney Museum (New York, 2008), de la Biennale de Venise (2001, 2003) et la Triennale de Yokohama (2001). Les œuvres de Téllez font partie de nombreuses collections publiques, notamment celles de la Tate Modern de Londres, du Museum of Modern Art de New York, du Guggenheim de New York, du Museum of Fine Arts de Houston, de la Kunsthaus de Zürich, de la Nationale Galerie de Berlin, et du Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofia de Madrid. Récipiendaire d’une bourse Guggenheim en 1999 et du prix Global Mental Health Award for Innovation in the Arts de l’université de Columbia en 2016, Javier Téllez vit et travaille à New York depuis 1993.
Note des éditeurs:
Frieze est une plateforme artistique majeure dans les domaines de l’art moderne et de l’art contemporain pour les universitaires, les connaisseurs, les collectionneurs et le public général. Frieze se compose de trois magazines – Frieze magazine, Frieze Masters Magazine et Frieze Week – et de trois foires internationales – Frieze London, Frieze Masters et Frieze New York. Frieze organise également un programme spécial de cours et de conférences à Londres à travers le programme Frieze Academy.
Frieze a été fondé en 1991 par Matthew Slotover et Amanda Sharp avec le lancement de Frieze magazine, le magazine international de référence dans le domaine de l’art et de la culture contemporaine. En 2003, Sharp et Slotover ont lancé la foire d’art contemporain Frieze London art fair, qui a lieu au Regent’s Park de Londres tous les ans au mois d’octobre. En 2012, ils ont lancé Frieze New York, qui a lieu tous les ans au mois de mai à Randall’s Island Park ; ainsi que Frieze Masters, qui coïncide avec Frieze London en octobre, consacré à l’art ancien autant qu’à l’art moderne. Les foires Frieze sont sponsorisées par notre partenaire international la Deutsche Bank.
Fondée à New York en 1993, l’Outsider Art Fair est la première foire consacrée à l’art autodidacte. Elle expose des œuvres de maîtres reconnus tels que James Castle, Aloïse Corbaz, Henry Darger, Thornton Dial, William Edmondson, Martín Ramírez, Judith Scott, Bill Traylor et Adolf Wölfli, ainsi que des figures contemporaines telles que M’onma, Susan Te Kahurangi King, Frank Walter et George Widener. Rapidement célébrée pour son originalité et son esprit novateur, l’OAF joue un rôle fondamental dans la formation d’une communauté de collectionneurs passionnés et dans la reconnaissance de l’art marginal dans les réseaux artistiques contemporains.
En 2012, l’OAF est acquise par Wide Open Arts, une entreprise créée par le galeriste Andrew Edlin. Lors de sa première édition en 2013, la foire a lancé les programmes Curated Space et OAF Talks. L’édition de 2013 a recueilli d’excellentes critiques et a multiplié par trois le nombre de ses visiteurs. Fort de ce succès, Wide Open Arts a lancé l’Outsider Art Fair Paris, qui organisera sa septième édition au mois d’octobre 2019, contribuant ainsi à revigorer une longue tradition parisienne en matière de reconnaissance et de soutient de l’art brut et de l’art autodidacte.
Contacts de presse:
Frieze :
Michelangelo Bendandi, michelangelo.bendandi@frieze.com, tél: +44 203 372 6111
Outsider Art Fair :
Nadine Johnson & Associates, evan@nadinejohnson.com, tél: 212-228-5555
Image: Janko Domsic, Sans titre, n.d., stylo bille sur carton, 30x41.5cm, Collection: Alain Bourbonnais