Américain, contemporain.
Né en 1955 à Norwalk, Connecticut.
Joe Coleman constitue une figure polémique mais importante de l'Art Outsider. Sa notoriété dans le milieu underground et son expérience en tant que dessinateur de BD ont causé maintes fois son exclusion de cette catégorie artistique par des chercheurs n'y admettant que les artistes vivant à l'écart de la société. Or, grâce à ses portraits réalisés par milliers de touches microscopiques, Coleman montre que ce qui fait un véritable artiste outsider n'est pas son isolement, mais une œuvre créée sans égard pour les préoccupations stylistiques et en dehors des limites de l'histoire de l'art.
Coleman naît en 1955 à Norwalk, dans le Connecticut. Son grand-père maternel est boxeur professionnel, ce qui contribuera sans doute à éveiller l'intérêt de Coleman pour tous les marginaux de la culture américaine. Il commence à dessiner dès l'enfance, montrant un penchant pour la violence et les sujets macabres. L'artiste a affirmé que son éducation catholique - en particulier les représentations les plus violentes de la Crucifixion – a en grande partie inspiré ses recherches sur la violence et les aspects les plus sombres de l'humanité. L'éducation religieuse de Coleman l'a également mis en contact avec la tradition narrative de la vie des saints, un genre qu'il a adopté dans le cadre de son exploration sur la vénération quasi divine dont font l'objet certains tueurs en série et des stars dans la culture américaine.
Coleman passe souvent plusieurs mois, voire plusieurs années sur une seule peinture. Il commence à peindre à la périphérie de chaque tableau, évoluant lentement vers le centre par touches minuscules formant des images mais aussi des mots. Coleman se voit avant tout comme un conteur visuel et son hagiographie d'anti-saints est faite de collages narratifs de cases et de bulles de bande dessinée. Il a notamment réalisé des portraits de Che Guevara, John Dillinger, Anna Nicole Smith, Charles Manson et Timothey McVeigh. En transformant ces personnalités improbables en icônes dans un langage qui invite à la vénération, Coleman met en scène notre propre panthéon de dieux et de saints.
La créativité de Coleman s'exprime également dans des performances explorant la face sombre de l'âme humaine à travers des personnages de freak show, spectacles carnavalesques qui l'ont rendu célèbre. Ses détracteurs ont utilisé cet aspect de son travail pour remettre - en vain - en question l'importance de ses œuvres picturales. Coleman reste l'un des artistes outsiders les plus prolifiques de notre époque.
- Jenifer P. Borum
Expositions sélectionnées
2013, Hey! Modern Art and Pop Culture Part II, Halle Saint Pierre, Paris
2013, Raw Vision: 25 Years of Art Brut, Halle Saint Pierre, Paris
2007, Joe Coleman: 14 Paintings, Palais de Tokyo, Paris
2007, Joe Coleman: Internal Digging, KW Institute, Berlin
2004, A Kansas Art Sampler, The Spencer Art Museum, Lawrence
2002, The Circus in Twentieth Century American Art, The Wadsworth Athenaeum, Hartford
1998, The End Is Near!: Visions of Apocalypse, Millennium and Utopia, American Visionary Art Museum, Baltimore
Collections sélectionnées
Halle Saint Pierre, Paris
American Visionary Art Museum, Baltimore
Spencer Art Museum, Lawrence
Bibilographie sélective
Lieb, Rebecca, "Joe Coleman: From the Sideshow to the Big Top," Raw Vision, #64, Automne 2008.
Coleman, Joe, The Man of Sorrows, Distributed Art Publishers, New York, 1998.
Jarmusch, Jim, Harold Schechter et John Yau, Original Sin: The Visionary Art of Joe Coleman, Green Candy Press, San Francisco, 1998.
Manley, Roger et Howard Finster, The End Is Near!: Visions of Apocalypse, Millenium and Utopia, Dilettante Press, Los Angeles, 1998.
Coleman, Joe, Cosmic Retribution: The Infernal Art of Joe Coleman, Fantagraphics Books, Seattle, 1993.